Monastères de Montagne, Samivel
Présentation du livre
Résumé
Arthaud, 1996, 211 p.
Documentation et Photographies par S. Norande
Avec une Liste des monastères en activité et une Bibliographie
Une invitation au voyage
S'il est vrai, comme l'affirme Bernard de Clairvaux, que l'on apprend beaucoup plus de choses dans les bois que dans les livres »... si « les arbres et les rochers vous enseignent ce que l'on ne dit pas ailleurs »... et qu'il faille voir par soi-même « quelle joie descend de ces montagnes », ce livre-ci, en tout cas, est une invitation au voyage à la rencontre de: Saint-Maurice-en-Valais, Novalaise, Talloires, le Grand-Saint-Bernard, Abondance, la Grande-Chartreuse, Currière, Saint-Hugon, Chalais, Boscodon, Tamié, le Reposoir et Hautecombe.
L'installation des chartreux à la Grande Chartreuse
On dit qu'au début ces premiers « chartreux » (du nom même du vallon choisi comme retraite qui s'appelait « Chartreuse ») trouvèrent asile chez les pâtres voisins, et sans doute ces bonnes gens, stimulés par Hugues, les aidèrent à bâtir les cabanes qui fournirent l'embryon de l'ermitage collectif, tandis que les eaux, indispensables, se trouvaient peu à peu canalisées. Par la suite, les cellules se multiplièrent et furent unies par une galerie couverte menant à une salle commune, à une cuisine, à une modeste chapelle, seule bâtisse édifiée en pierres, et dédiée à « Notre Dame de casalibus » (des cabanes). Elle fut consacrée deux ans plus tard par Hugues l'évêque, qui n'avait pas oublié sa promesse, ni l'octroi d'une charte de donation, ratifiée par différents seigneurs propriétaires des lieux, attribuant aux solitaires et « pour toujours », contre le don annuel, presque symbolique, de quinze petites portions de beurre et d'un quintal de fromage blanc, un vaste domaine de prés, de bois, de rochers, d'eaux courantes et de ciel, dont l'étendue ne pouvait pourtant dissimuler les faibles ressources.
L'apogée de l'ordre de Chalais
Dans le sillage de l'Ordre de Citeaux, et profitant de l'immense courant de ferveur qui entraînait tant de contemporains vers la vie monastique, Chalais pousse rapidement des ramifications vers les Alpes du Sud et In Provence. Son premier essaimage a lieu en 1142 sur le territoire d'Embrun, dans une petite vallée latérale au cours de la Durance, à 1150 mètres d'altitude. Elle y peuplera la neuve abbaye de Boscodon, dont le deuxième abbé, Guigues de Revel, après avoir encore fondé Prads et Lure, retournera à Chalais, où il deviendra abbé général. C'est vers cette époque qu'apparaît un monastère d'Almeval (?) dont l'emplacement demeure énigmatique. Viendra ensuite Aubeveau-Beaulieu (ou Albeval), rive droite de l'Isère, à une journée de marche de l'abbaye mère, non loin de Saint-Marcellin. Ces quatre moustiers formeront le noyau de l'Ordre de Chalais. Auxquels s'uniront Prads-Faillefeu (Digne), Lure (Sisteron), Clausonne et Clairecombe (Gap), Valbonne (Grasse), et Pierredon (Arles), plus les trois prieurés de Lavercq et Saint-Maurice de Valserres dans l'Embrunois, de Pailherols vers Riez. Chaque abbaye conservera son autonomie sous la surveillance d'un chapitre général qui se réunira tous les ans à Chalais. L'Ordre connaîtra son apogée à la fin du XIIe siècle.