Les Liaisons Dangereuses, Choderlos De Laclos, Roger Vaillant

Voici LES LIAISONS DANGEREUSES, de Choderlos de Laclos, voici, quant à l'amour, le roman le moins niais qui ait jamais été écrit.
Au cœur de l'ouvrage, Lettre 81, l'héroïne, la Marquise de Merteuil, raconte au héros, son complice, le Vicomte de Valmont, comment elle s'est soi-même déniaisée. Elle conclut :
« L'amour que l'on nous vante comme la cause de nos « plaisirs n'en est au plus que le prétexte.»
Entendez : l'amour dont on nous parle sans cesse, l'amour qu'invoquent les hommes lorsqu'ils font leur cour et les femmes lorsqu'elles cèdent à leurs soupirants, l'amour-senti-ment, la passion d'amour n'est qu'un prétexte.

Un prétexte à quoi? Les paroles, les serments, les mouvements du cœur, ces duos, ces solos, tout ce pathétique discours, cette affabulation, cette dialectique qu'on nomme amour ne sert-elle de prétexte qu'à un plaisir tout fruste que les crapauds, dans leur enlacement de quarante jours, connaissent bien plus complètement que les humains?

Laclos est né et a reçu son éducation en France, sous le règne de Louis XV, tout près de Paris, au cœur de la nation la plus éclairée du monde. C'est un produit de haute civilisation. Il ne lui viendrait pas à l'esprit de tout ramener à des crapauderies. Certes les héros de son roman s'exécutent; sinon, ils ne seraient que des bavards. Après tant de paroles (tant de lettres) consacrées à la séduction, ils paient de leur personne; sinon, ils seraient des tricheurs.

Exemplaire Numéroté : 

1950