L'Aventure de L'Humanisme Européen au Moyen-Age (IVe-XIVe Siècle), Paul Renucci
Présentation du livre
Résumé
Éditions : G. De Bussac
Année : 1953
Pages : 266 P.
L'ÉDITION ORIGINALE DE CET OUVRAGE COMPREND :
100 EX. SUR PUR FIL LAFUMA NUMÉROTÉS DE 1 A 100.
300 EX. SUR BOUFFANT NUMÉROTÉS DE 101 A 400.
Numéro : 168
Les courbes d'évolution proposées tour à tour pour expliquer les variations de la culture classique entre la chute de l'Empire romain et les temps modernes forment, si on les confère, un inextricable écheveau. Chaque courbe résume une théorie. Les théories foisonnent, et l'on a d'abord quelque peine à démêler les points de rencontre du tracé.
Tel groupe d'historiens pose que la reconquête de la culture antique est l'œuvre du Quattrocento !, tel autre qu'elle est l'apanage du XIIe siècle 2 ; ailleurs on incline à penser qu'il y eut trois Renaissances 3, voire quatre 4 et non pas une ; certains identifient Renaissance et Réforme 5, d'autres les opposeraient volontiers 6 ; tel historien, qui voit dans le Rinascimento un phénomène spiritualiste, le fait partir de saint François d'Assise? ; sur quoi un autre, objectant que le phénomène est politique, lui donne Cola di Rienzi pour promoteur 8.
Ce ne serait rien si cette collection de renaissances 9 était la résultante, même complexe, même confuse, d'enquêtes autonomes, objectives, libres en un mot d'intentions polémiques. Mais des thèses auxquelles nous venons de faire allusion, combien sont exemptes de parti-pris historique, national, religieux (ou anti-religieux)? Est-ce par hasard que la théorie de Burckhardt, qui met le réveil du savoir antique au compte exclusif du Quattrocento, a vu le jour et triomphé en cette seconde moitié du XIXe siècle qui fut l'âge d'or du positivisme laïque? Le moment où s'impose une conception aussi sévère pour le Moyen-Age catholique se trouve être en France celui de la laïcité combattante, en Italie celui de l'anticléricalisme officiel, en Allemagne celui du Kulturkampf}... Les synthèses antérieures et postérieures n'ont guère été plus sereines. Toutes offrent quelque trouvaille, toutes ont leur prix. Mais on n'en voit point qui ne milite, à des degrés divers, pour une cause préconçue. Dans ce tournoi des renaissances, trop de champions conduisent un destrier d'emprunt.