Histoire de la Franche-Comté, Roland FIÉTIER

FRANCHE-COMTÉ, terme familier et pourtant insolite ! D'ordinaire, en effet, les provinces n'ont point conservé de leur appellation médiévale le terme, devenu caduc, qui évoquait leur statut et la qualité de leurs maîtres (duché ou comté, par exemple), mais seulement le nom propre qui l'accompagnait, souvent tiré de la dénomination du peuple qui avait constitué ou semblait avoir constitué ce regroupement territorial. Ici, au contraire, seule la référence à la situation féodale s'est maintenue, intégralement, au point qu'elle va jusqu'à garder au mot comté le genre féminin qui lui était habituel au Moyen Age.

Il est vrai qu'il n'était pas possible que la Comté de Bourgogne portât le même nom que le duché voisin, situé outre-Saône. A son origine, le terme Burgundia englobait assurément les deux contrées dans un même ensemble, beaucoup plus vaste d'ailleurs, et connaissant des limites fort variables d'un siècle à l'autre. Dès l'époque carolingienne cependant elles devaient connaître un sort très différent, lune (le duché) étant finalement rattachée au royaume de France et l'autre au royaume de Bourgogne puis à l'Empire germanique. Même si elles conservent ensuite nombre de points communs, même si l'adjectif bourguignon désigne pendant très longtemps ce qui provient de l'une et de l'autre des régions et si elles connaissent une union temporaire aux XIVe et XVe siècles, ces deux entités restent distinctes administrativement, politiquement, socialement, mentalement même.