Exposition de Portraits Peints et Dessinés Du XIIIe au XVIIe Siècle Avril-Juin, M. P. Marchal

Bibliothèque Nationale 

Exposition de Portraits 
Peints et Dessinés 
Du XIIIe Au XVIIe Siècle Avril-Juin 1907 

Catalogue Deuxième édition. 

Avant-Propos 

L'exposition, dont on a l'honneur de présenter ci-après au public le catalogue raisonné, a pour objet de mettre sous ses yeux un ensemble de représentations individuelles susceptibles tant de fournir quelques identifications nouvelles sur un certain nombre de personnages historiques, que d'apporter une contribution à l'étude de l'art du portrait, dans notre pays principalement.

Les manuscrits à enluminures, les imprimés à frontispices peints, les crayons à une ou plusieurs teintes, les portraits à la détrempe ou à l'huile, y constituent quatre séries distinctes, correspondant, en quelque sorte, dans l'ordre chronologique, à autant d'étapes de l'art iconique. Elles permettront ainsi, tout à la fois, d'observer l'idéal et les procédés particuliers de chaque époque, dans la représentation de la figure humaine.

A des images traitées avec la conscience scrupuleuse des vieux ymaigiers, et en même temps avec le respect cérémonieux que comporte la dédicace des ouvrages aux personnalités considérables qui y sont reproduites, succèdent des représentations exemptes tout à la fois de décorum dans la mise en scène, de minutie dans la facture, et n'ayant d'autre objet que de saisir la vie individuelle au vif de ses expressions et de ses mouvements. Ainsi le formalisme qui semble invariablement présider, dans le domaine de l'art, aux périodes initiales, et dont la

stagnation des formes politiques prolonge parfois la survie au delà de ce que comporterait le développement des esprits, fait place dans les périodes de discussion, de troubles même, qui suivent, à une liberté de vision a/franchie de toute timidité, comme de tout respect.

C'est cette émancipation progressive de l'art que notre exposition aura pour principal effet de montrer, par le rapproche-chement significatif de deux périodes d'histoire contiguës, et que semble néanmoins séparer un long espace de temps. Elle n'aura pas moins d'importance par la manifestation graduelle des personnalités dans la conception de l'effet et le maniement de l'outil. Bien qu'un grand nombre des effigies qui y ont pris place ne soient pas, à l'heure actuelle, susceptibles d'attributions précises, la diversité de mains n'y fait point doute, et le procédé critique qui bloquait sous un même nom, d'après des analogies toutes superficielles, un grand nombre de portraits d'origines différentes, recevra de cette confrontation nouvelle un définitif échec. Ce sont donc une série de problèmes, passionnants pour la plupart, et dont chaque jour qui s'écoule avancera la solution, que les collections d'ouvrages rassemblées à La Bibliothèque nationale proposent à la curiosité des amateurs, aux déductions sagaces de la critique.

HENRY MARCEL.