La guerre du Vietnam 1945-1975, André Teulieres

Ce livre que l'auteur a cherché à rendre aussi objectif que possible est dédié :

Aux Maréchaux Leclerc de Hautecloque et de Lattre de Tassigny, dont il apparaît à l'étude que la lucidité, l'énergie et le prestige auraient pu — peut-être - changer le destin de l'Indochine, s'ils n'avaient disparu prématurément. Ainsi qu'à TOUS les combattants de cette guerre, sans distinction de grades, de boutons ou de nationalités, qui ont tenu à faire partout et en toutes circonstances leur austère devoir, que tant et tant ont payé de leur vie ! Leur exemple et leur souvenir resteront. Enfin à tous les Français, Vietnamiens, Cambodgiens, Laotiens, qui connaissent et aiment cette si attachante Indochine, où ils espèrent voir refleurir un jour le temps de la liberté.

Introduction : 

L'Avant-Guerre Franco-Vietminh

1. DU PASSE A L'AVANT-GUERRE

L'INDOCHINE était donc une création coloniale de la

France, réalisée pendant la seconde moitié du XIXe siècle et qui totalisait en 1925 quelques 25 millions d'habitants. La carte n° 1 en indique les limites politiques et en donne la physionomie générale, base de rizières (fortement peuplées) et forêts, ces dernières (peu peuplées) couvrant tout ce qui n'était pas rizières. 

La carte n° 2, sur laquelle figurent les principales routes et voies d'eau montre la perméabilité approximative du pays aux moyens mécaniques modernes, en 1946 ; les aérodromes ne sont pas mentionnés mais existaient pratiquement à proximité de tous les centre urbains indiqués sur la carte ainsi qu'en d'autres endroits. En plus de ces réseaux « modernes » existaient de multiples pistes « indigènes » qui permettaient à des gens à pied de circuler pratiquement partout.

Avant le régime colonial, l'entité politique indochinoise dont il vient d'être parlé n'existait pas. On dénombrait dans la région géographique concernée (voir carte n° 2) deux centres de puissance principaux : l'Annam déjà évoque en avant-propos et plus a l'Ouest le Siam (aujourd'hui Thaïlande) dont la base géopolitique était le bassin de la Ménam, la capitale Bangkok et la culture indienne et bouddhique. Entre Annam et Siam, dans le bassin du Mékong, deux pays plus faibles et marqués eux aussi par l'indianisme et le bouddhisme - le Cambodge (ancien empire Khmer) et le Laos - étaient en voie de dépérissement progressif par suite du grignotage auquel se livraient, à leur détriment, leurs deux voisins.