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L'autre cliniques, cultures et sociétés, dossier penser/Classer/soigner, Jean-Pierre Vernant
Présentation du livre
Résumé
Éditions : Revue Transculturelle
Année : 2001
Pages : 590 P.
Volume : 3
Volume 2, numéro 3 La pensée Sauvage
Directrice Scientifique : Marie Rose Moro
Pour que la posture ne l'emporte pas sur la compréhension et l'engagement.
Le Il septembre 2001, frappé par l'effroi et la portée symbolique de l'événement, le monde s'est divisé en deux: ceux qui pleurent et ceux
-qui rient; ceux qui sont du côté du bien, ceux qui sont du côté du mal: ceux qui sont pour la guerre, ceux qui sont contre (contre le fait, contre le mot); ceux qui sont pour les Américains, ceux qui sont contre; ceux qui pensent que le terrorisme est radicalement incompréhensible, ceux qui pensent que notre monde l'a sécrété; ceux qui sont du côté de la liberté et ceux qui sont du côté de l'obscurantisme; ceux pour qui chaque vie humaine a un prix, ceux qui meurent, pensent certains, allégrement en martyr... La liste pourrait encore être longue des oppositions évidentes, sans doute trop au regard de l'horreur de l'acte, de l'immensité de la tristesse, de l'impossibilité à faire le deuil d'êtres humains réduits en fumée, au regard aussi de la théâtralité de l'acte de destruction, au regard enfin de la guerre déclenchée en retour contre les terroristes. Il y a eu d'abord un premier temps de sidération comme dans tout trauma collectif extrême, sidération qui a amené un quasi consensus : extirper le corps étranger du terrorisme quel qu'en soit le prix à payer pour nos sociétés, se protéger de l'autre, du différent, de celui qui ne partage pas nos valeurs. Puis, vient le temps de l'élaboration du trauma, de tentatives pour donner un sens pour dérisoire et transitoire qu'il soit, car c'est là le propre de la pulsion de vie. Des esprits ont alors commencé à douter et donc à penser: et si cet événement mettait en scène la force de certitudes en miroir, de positions excluantes mutuelles. de boucs émissaires construits respectivement par ceux qui incarnent des mondes radicalement autres? Si « le terrorisme comme les virus est partout »', si nous étions tous coupables « d'une complicité inavouable? »2 Et si, dans chacun des camps, on se devait de suggérer « que les récentes atrocités s'inscrivent dans un contexte historique »3 sans pour autant implicitement les excuser et tout en restant dans son camp. Dans cette mêmeté que l'on retrouve de part et d'autre, il faut souligner l'invocation de Dieu et celle du bien et du mal. Etrange miroir qui trouble et fabrique la haine qui terrorise du dedans, qui terrorise du dehors.