

Éditeur : Clichy Impr- Paul Dupont 12 rue du Bac-d'Asnière
Pages : 614 P.
Année : Inconnue
Louis XVI, élevé dans l'ignorance absolue des affaires, parvenu à la couronne à l'âge de vingt ans, sentit qu'il avait besoin d'un conducteur dans le dédale du gouvernement où il allait entrer. Fit-il bien, fit-il mal de prendre pour mentor le comte de Maurepas, éloigné de la cour par une disgrâce de vingt-trois ans? On prétend qu'une intrigue de la cour l'appela à cet emploi peu fait pour lui, et que le roi, sur des notes qu'il avait trouvées dans les papiers de son père, l'avait destiné d'abord à M. de Machault, homme habile, austère et même religieux, malgré ses entreprises contre le clergé, que sa fermeté, qui effrayait les courtisans, fit éconduire. Un des principaux embarras de Louis XV pendant son long règne, avait été sa lutte perpétuelle contre les parlements.
On se détermina cependant à ressusciter ces compagnies; il aurait sans doute été d'une bonne politique de profiter de l'occasion pour mettre un frein à leur autorité, soit en consolidant les changements que Louis XV avait introduits à plusieurs reprises dans leur régime, soit en ne leur rendant le pouvoir qu'avec des restrictions plus ou moins atténuantes. Mais le vieux ministre trouva plus commode de les rétablir presque comme ils étaient auparavant, que de s'embarrasser dans un labyrinthe de négociations qui auraient nui à sa tranquillité : il se délivra donc le plus tôt qu'il lui fut possible de ce sujet d'inquiétude, et l'impolitique rappel du parlement, réinstallé le 12 novembre 1774, fut une des premières opérations du règne de Louis XIV.
Elle plut au peuple, surtout au peuple de Paris, très attaché à ses magistrats. Le jeune monarque avait fait précéder cette grâce par l'exemption du droit de joyeux avènement, dont il aurait pu tirer de très-grosses sommes. Cette remise fut son premier édit. Par un second, il affranchit les serfs des terres domaniales; en même temps il annula la loi rigoureuse qui rendait les taillables solidaires pour le payement de l'impôt, et abolit la question préparatoire. Ces témoignages de bienfaisance par lesquels ce prince s'annonçait donnèrent des espérances d'un bon gouvernement.