

Éditions : Paris, Libraire de L'Art Indépendant
Année : 1894
Pages : 48 P.
Paris, le 12 janvier 1894.
Vous avez su, Monsieur, que son meurtre dont toute la terre a connu le crime, est, d'hier, condamné. Sa mort s'apprête. Le coup qui la donnera va frapper bien des hommes. Les uns y prendront de l'audace.
Les autres de la haine. Le plus grand nombre un plaisir funeste. Et tous en seront poussés plus avant et plus vite à l'abime où ils courent.
Déjà le meurtrier fait la gloire de son meurtre: car il va la payer. Et le meurtre lui rend déjà le prix de gloire qu'ille paie. Son nom même y sert. « Ce Vaillant, disent les siens, mourra vaillant comme il fut.» Je le sais pour vous l'avoir oui dire : vous êtes dans cette idée profonde, Monsieur, qu'il faut se défier des petites rencontres, et de ces noms de rien que le hasard jette au destin comme un défi étrange. Il faut craindre les jeux de mots de la fatalité.
Voilà cet homme, - qui vous est, et à moi, en horreur, et dont vous me priiez de vous rendre des nouvelles, — qui usurpe, après la grandeur du courage, celle mille fois plus séductrice de la sainteté. Car celui-là passe pour saint qui s'immole.