

Musée des Beaux-Arts de Bâle/Flammarion, 1990, 422 p.
Etude de William Rubin : "Picasso et Braque, nouvelles considérations" suivie d'une présentation des oeuvres.
Avec les références bibliographiques des oeeuvres, une chronologie documentaire entre 1905 et 1914 et une liste des ouvrages cités dans les notes.
Du fait même que son éclosion repose avant tout sur un long dialogue de six ans entre deux artistes, le cubisme est, à ma connaissance, un phénomène sans précédent dans l'histoire de l'art. Comme il fallait s'y attendre, beaucoup de ce que l'on a dit sur le cubisme de Picasso et de Braque tourne autour de la qualité comparée de leurs œuvres respectives. Mais dans la mesure où ce mode de raisonnement néglige les différences de style et de méthode plus aisément quantifiables, il me semble plutôt fallacieux. Non pas que je mette les deux artistes sur le même pied. Braque est l'un des plus grands peintres modernes, mais il faut remonter à la Renaissance ou au baroque et à leurs maîtres les plus prodigieuxpour trouver l'égal de Picasso. Nous avons pris l'habitude d'en attendre davantage de Picasso et, dans la période cubiste, sous l'aiguillon du dialogue avec Braque, il ne manque jamais de nous en donner plus. Or, le fait remarquable est que Braque ne nous en donne pas moins, mais autre chose. C'est pourquoi, au lieu d'exposer les mérites comparés de ces artistes, je m'attacherai plutôt à suggérer comment leurs différences de tempérament, de mentalité et de talent ont justement contribué à une conception commune de la peinture qui leur a le mieux réussi lorsqu'ils étaient le plus étroitement liés... une conception que ni l'un ni l'autre n'aurait jamais pu matérialiser tout seul, j'en suis persuadé.