

Éditions : Librairie Hachette Et Cie
Année : 1902
Pages : 233 P.
Titre Complet :
Chantilly (1485-1897) Les d'Orgemont Les Montmorency - Les Condé Le Duc d'Aumale
Avec Introduction de M. A. Mézières
Voici enfin un travail d'ensemble sur Chantilly. Cette magnifique demeure n'avait été jusqu'ici l'objet que d'études partielles, souvent intéressantes, mais sans lien entre elles, indépendantes les unes des autres. L'œuvre de Mme de Clinchamp comble donc une lacune. Tous ceux qui aiment les grands souvenirs de notre histoire nationale lui en sauront gré. Grâce à elle, nous voyons revivre Chantilly aux trois époques principales qui méritent d'attirer l'attention de la postérité. D'abord lorsque le connétable Anne de Montmorency fait construire et décorer le petit cháteau, ce joyau de la Renaissance, qui a heureusement survécu à toutes les révolutions. Les gráces élégantes d'une architecture dont l'Italie nous donne l'exemple s'y épanouissent dans leur fleur. Puis c'est le Grand Condé, transformant le caractère féodal de la vieille forteresse, canalisant les eaux marécageuses qui en rendaient l'accès si difficile, et y amenant ces sources jaillissantes « qui ne se taisent ni jour ni nuit ». Il ne se contente pas d'assainir et d'embellir la résidence qu'il tient des Montmorency par sa mère. Il y attire, il y reçoit et il y retient l'élite de la société du xvi° siècle. Princes du sang, princes étrangers et princes de l'Église, grands seigneurs, diplomates, hommes de guerre, artistes, écrivains, poètes et prosateurs y trouvent l'accueil le plus cordial et l'hospitalité la plus magnifique. Sous les anciens platanes de l'allée des Philosophes, Boileau a conversé avec Bossuet, avec Fénelon, avec La Bruyère, avec le futur maréchal de Luxembourg, avec Torcy et Pontchartrain. Sur un théâtre aujourd'hui disparu, Molière et Racine ont fait jouer leurs pièces. Dans les immenses cuisines où se voient toujours les broches énormes qui servaient à faire rôtir les quartiers de venaison, les moutons et les bœufs entiers, Vatel s'est percé de son épée parce que la marée allait manquer à la table du Roi et des six cents convives de la suite royale.