

Éditions : De L'Ecureuil
Année : 1958
Pages : 257 P.
Ce livre, où le devoir et l'honneur tiennent une si large place, ne saurait être plus opportunément dédié qu'à mon grand ami :
Le Colonel René de FERTET.
Ce fut comme une traînée de poudre dans le château de Nantes ! Certes on attendait l'événement, et les matrones qui veillaient au chevet de Marguerite de Foix, seconde femme de François II, due souverain de la Bretagne, l'avaient annoncé pour ce 26e jour de Janvier 1476 mais avant de se réjouir on voulait entendre les premiers vagissements de l'enfant. Or il n'était besoin de se pencher sur la petite fille qui faisait son entrée
dans le monde, ses cris rageurs emplissaient la pièce et ses quatre membres vigoureux s'agitaient frénétiquement sous les regards extasiés du père.
— J'aurais préféré un garçon, dit-il, mais, Dieu merci, celle-là aura bec et ongles pour défendre son duché !
La mère, reconnaissante, priait avec ferveur, à sa manière, loin des formules consacrées. C'était surtout à la patronne des Bretons qu'elle s'adressait puisque c'était son nom béni qu'elle avait déjà choisi pour sa fille.
— Anne ! Anne de Bretagne ! murmurait-elle.
Comme cela sonnait bien, et comme il serait facile à tout un peuple d'obéir à celle qui commanderait sous un tel patronage.