

L'Âge d'homme, 1990, 300 p.
Texte établi par Marianne Malicet, présenté et annoté par Michel Malicet
Préface d'Henri Claudel
Plus de cent-cinquante lettres de Claudel à son fils Henri ! Et il faut y ajouter toutes celles, de 1921 à 1924 (en particulier de longues descriptions du voyage en Indochine), que l'enfant, trop jeune pour en comprendre la valeur, n'a pas conservées. De mère à fille, on peut citer pareille abondance: Mme de Sévigné. De mère à fils: George Sand. Mais de père à fils? Les circonstances sont, il est vrai, exceptionnelles: il s'agit d'une famille continuellement dispersée aux extrémités de la Terre, surtout dans ce cas particulier d'un enfant malade et isolé pendant plusieurs années et qu'il faut consoler et encourager.
Le petit Henri n'a pas vécu, comme Marie, Pierre, Reine ou Renée, les longues années d'enfance auprès de son père: il n'a que deux ans quand la guerre de 14 éloigne continuellement le diplomate pour diverses missions en France et en Italie, puis pour deux longues années au Brésil. Certes, de 1919 à 1921 - de 7 à 9 ans - il partagera son existence à Copenhague. Mais au moment où l'ambassadeur s'apprête à partir pour le Japon, en 1921, avec toute la famille (sauf Pierre), une tuberculose du genou se déclare, qui nécessite un long séjour à Berck et donc une séparation totale. Le congé d'un an de Claudel en 1925 lui permet surtout pendant l'été, à Lutaine de retrouver son petit Henri. Mais en 26, c'est de nouveau pour l'un Berck et pour l'autre le Japon. Quand le poète est nommé à Washington, après de brèves retrouvailles et un séjour en commun aux Etats-Unis en 1928, ce sera la longue séparation de l'année scolaire, de 1928 à 1930, Henri étant pensionnaire à l'Ecole des Roches, à Verneuil. Seul l'été à Brangues rapproche le père et le fils. Quand, au printemps 1931, Henri, qui a 19 ans, entre comme stagiaire à la Banque Morgan à New York, il ne retrouve la famille à Washington que pendant les week-ends, cela jusqu'en juin 1933.