

Éditeur : Paris Delagrave Leyde A.-W. Sijthoff
Année : Inconnue
Pages : 571 P.
Nouvelle édition
LE PARNASSE ET LES ÉCOLES POSTÉRIEURES AU PARNASSE (1866-1915)
Morceaux choisis, accompagnés de notices bio- ot bibliographiques et de nombreux autographes PAR G. WALCH
Préface de SULLY PRUDHOMME DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
TOME PREMIER
L'auteur de cette anthologie m'a fait le grand honneur de me convier à en composer la préface. J'ai accepté parce que l'invitation était flatteuse pour moi, mais je dois reconnaître que ma qualité de rimeur ne me désignait pas pour cette tâche. Je ne pourrais, en effet, sans juger la valeur des pièces de vers qu'il a réunies, intéresser le lecteur au recueil dont elles sont toute la substance, et comment les apprécierais-je sans aucune prévention? Je voudrais m'en tenir au double point de vue historique et théorique ; je ne promets pas d'y réussir.
M. Walch s'est proposé de présenter un tableau exact du mouvement poétique en France dans la seconde moitié du siècle dernier, depuis les productions du groupe appelé parnassien jusqu'aux plus récentes. La littérature poétique n'évolue pas; les œuvres magistrales se succèdent par à-coups, précisément à cause de l'originalité de leurs auteurs: aucune ne permet de présager la suivante. Le XIXe siècle a vu notre art se renouveler. Dans l'inspiration comme dans la forme, une révolution capitale s'est opérée dont le symptôme apparaît, mais isolé, sporadique, à la fin du XVIIIe siècle chez André Chénier. Il faut attendre les Méditations de La-martine publiées en 1820 pour constater le premier stade bien accusé et décisif de cette révolution dont l'influence a été d'une portée si longue que, durant tout le siècle, les vers lyriques ont gardé comme un écho de l'harmonie des siens, et je ne sais si le retentissement s'en doit jamais éteindre. Après lui, Alfred de Vigny ouvre des voies, nouvelles aussi, où devait s'élancer l'école romantique. L'allure hautaine de ses vers contraste avec le petit trot régulier des rimeurs du premier Empire par la qualité indéfinissable, nommée la distinction, qu'il possède au suprême degré. Victor Hugo innove à son tour avec la hardiesse d'un génie souverain.