Henri IV Raconté par Lui-Même, J. Nouaillac

CHOIX DE LETTRES ET HARANGUES PUBLIÉES AVEC UNE INTRODUCTION

J. NOUAILLAC

Professeur agrégé de l'Université

Docteur ès lettres

Introduction 

Le Roi Henri IV 

De quelque nom qu'on le désigne, le bon roi Henri, le Béarnais, le meunier de Barbaste, le Vert Galant est le roi populaire par excellence, l'ami du peuple de France et de Navarre. Son image est familière entre toutes, comme un portrait d'aïeul dans une famille...

Il est de taille médiocre, mais de corps bien pris et agile. Sous des cheveux courts qui ont poussé à la diable, son front large et découvert est une boite précieuse qui ne peut enfermer que de hautes et généreuses pensées. Sous d'épais sourcils bruns, des yeux bien ouverts, doux, clairs et rieurs. La bouche est dessinée d'un trait ferme et fin. La moustache et la barbe grise, en éventail, imprègnent de maturité le bas de cette figure dont le haut est si jeune. Rien de trouble, rien de dur, rien de figé. De l'intelligence, de la bonhomie, de la gaieté malicieuse, le désir de plaire et de faire des conquêtes, la joie de vivre et d'agir, voilà ce qui rayonne autour de cette tête virile. Le personnage a l'air de vous tendre des mains loyales et vigoureuses, et de vous dire des choses raisonnables avec des mots magiques, et l'on est pris tout entier comme la France a été prise.

Il est mort depuis trois siècles. Interrogez le peuple et voyez la belle histoire que l'on pourrait forger, sans le secours des savants, avec les seules données de l'imagination des foules. Quelles sont les images que son nom évoque ? Dans une écaille de tortue, un nouveau-né qui ne pleure pas, parce que son grand-père lui a frotté les lèvres avec une gousse d'ail et lui a fait boire une goutte de vin de Jurançon. Un petit paysan qui va à la maraude des nids et qui se bat avec les enfants de son village pyrénéen. Un adolescent grave que sa mère en deuil présente à l'armée protestante.