

Éditeur : Arthème Fayard
Année : 1909
Pages : 187 P.
Illustrations d'après les Dessins DE CH. POURRIOL
Ce livre
est respectueusement dédié à mes camarades,
les officiers de marine français.
DEVANT une clôture de bambou très haute qui bordait le côté gauche du chemin, le kourouma s'arrêta net, et le kou-roumaya, l'homme coureur, cheval et cocher tout ensemble, baissa les brancards légers jusqu'au sol.
Felze, - Jean-François Felze, de l'Institut de France, - mit pied à terre.
— Yorisaka koshakou (1) ₽ — question- na-t-il, point trop sûr d'avoir été compris quand tout à l'heure, avant de monter en voiture, il avait bredouillé, dans son japonais petit nègre, l'adresse apprise par cœur : « Chez le marquis lorisaka, en sa villa du coteau des Cigognes, près le grand temple d'O-Souwa, au-dessus de Nagasaki... »
Mais le kouroumaya se prosterna dans un salut d'extrême respect.
-- Sayo dégosaimas (1) ! - atfirma-t-il.
Et Felze, reconnaissant la conjugaison très polie, dont on n'use pas toujours avec les Barbares, se souvint de la vénération persistante que le Japon moderue garde à son aristocratie d'autrefois.
Il n'y a plus de daimio ; mais leurs fils, les princes, les marquis
ot les eontes, ont conserve, intact, le t ta prestita porte de la
villa. Une servante nipponne, bien attitée d'une robe à grosse ceinture, ouvrit et tomba correctement à quatre pattes devant le visiteur.
-- Yorisaka koshakou foudjin ? - dit cette fois Felze, demandant, non plus le marquis, mais la marquise.
A quoi la servante répondit par une phrase fort longue, incompréhensible quant aux détails, mais dont le sens correspondait évidemment à la formule occidentale : « Madame reçoit. »
Jean-François Felze tendit sa carte et suivit à travers le jardin la Japonaise trotte-menu.