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Éditions : Paris, Libraire de Firmin Didot Frères, Fils et Cie
Année : 1870
Pages : 620 P.
FRANÇOISE DE RABUTIN-CHANTAL
COMTESSE DE TOULONJON
AVEC UNE LETTRE APPROBATIVE
DE MONSEIGNEUR DUPANLOUP
ÉVÊQUE D'ORLÉANS
Generatio rectorum benedicetur
Ps. IIT, v. 2.
Avant de livrer à la publicité l'Histoire des deux filles de sainte Chantal, vous m'avez demandé de prendre connaissance de cet ouvrage, que, vous supposiez devoir m'agréer. Je viens d'en achever la lecture, et j'y ai trouvé en effet un tel intérêt, un tel charme, une telle douceur au milieu des préoccupations laborieuses de l'heure présente, que, ne pouvant adresser mes très-vives félicitations à l'auteur qui désire cacher son nom, je veux au moins vous en dire ma pensée.
Les vies de saints et saintes bien faites sont rares, et par cela même d'autant plus recherchées aujourd'hui par les esprits dégoutés des lectures vulgaires et avides d'un noble et pur aliment. Le livre que vous présentez au publie n'est pas sans doute une œuvre hagiographique proprement dite, car on ne peut ranger précisément parmi les saintes les filles de sainte Chantal : leur histoire cependant, qui se lie de si près à celle de leur mère, et qui la complète, n'en est pas moins féconde en beaux et utiles enseignements ;
il y a là bien des exemples imitables autant qu'admirables, surtout pour les personnes qui vivent dans le monde. Cet ouvrage d'ailleurs était nécessaire, selon moi, pour mettre dans sa pleine lumière une des saintes vers laquelle l'attention s'est le plus portée en ces derniers temps, madame de Chantal. Cet attrait du publie religieux vers la fille spirituelle de saint François de Sales s'explique sans peine : madame de Chantal offre en effet tout ce qui peut frapper le plus les esprits contemporains : nature énergique, trempée dans la force chrétienne, et le plus solide bon sens; grande dame de cette société française d'autrefois. dont les souvenirs vont, hélas! s'effaçant de plus en plus; comblée d'abord de toutes les félicités terrestres, et puis tout à coup foudroyée dans son bonheur; modèle des veuves, comme elle l'avait été des épouses et des mères; préparée par ces vertus a une perfection plus haute encore; accomplissant avec le plus ferme courage le plus héroïque sacrifice, et achetant à ce prix une fécondité d'œuvres incomparable, et une sainteté consommée.
Toutefois, ce sacrifice, si visiblement béni de Dieu, le monde ne l'a guère compris, et plusieurs ont craint que sa fidélité à suivre une vocation d'élite ne lui ait fait négliger l'éducation de ses enfants. Rien n'est plus le contraire de la vérité.
C'est ce que déjà les récents historiens de la sainte ont parfaitement démontré; c'est ce que l'histoire de ses deux filles va mettre désormais dans une évidence qui ne laissera plus de place à aucun doute, à aucun scrupule.