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Éditeur : Félix Alcan, Librairies Félix Alcan et Guillaumin Réunies
Année : 1907
Pages : 291 P.
LA GUERRE, MOYEN DE SELECTION COLLECTIVE
Par le Dr S. R. STEINMETZ, de La Haye
Traduit de l'allemand par le Cap. CONSTANTIN, avec l'autorisation de l'auteur
COMMENT IL CONVIENT D'ÉTUDIER LE ROLE SOCIOLOGIQUE DE LA GUERRE ET DU SENTIMENT NATIONAL, PARTICULIÈREMENT EN FRANCE. ORIGINES ETHNIQUES DES POPULATIONS FRANÇAISES.
Aujourd'hui, il n'est pas de pays où, les innombrables questions de la sociologie ne passionnent à la fois des penseurs très positifs et des rêveurs férus de sentimentalité. Pour tout le monde, celles qui ont trait au sentiment national, à l'existence distincte des Etats, aux conflits entre peuples, à l'influence des institutions guerrières ont un intérêt considérable, depuis que l'adoption du service personnel, obligatoire, fait concourir toutes les classes de la société, à la défense de la patrie.
Emportées bien souvent par des courants contraires, les idées que soulèvent ces graves problèmes se heurtent, tourbillonnent et repartent dans des directions nouvelles qui ne se confondent qu'exceptionnellement. A la suite de Joseph de Maistre, des écrivains nombreux s'appliquent encore, comme au temps de Bossuet, à célébrer la sauvage grandeur des batailles et à exalter la gloire des conquêtes. Mais jusqu'ici, parmi les panégyristes des luttes armées, la plupart, Hegel et Proudhon eux-mêmes, ne semblent avoir entrepris de les justifier et de les glorifier que parce qu'ils leur attribuent une essence divine (1). Bien que persuadés de la nécessité pour la démocratie française de conserver une solide organisation militaire, d'autres, comme le colonel Ardant du Picg (2), éblouis par la sublimité de l'idée de justice, ne voient plus dans la guerre la vraie mesure de la force et de la vaillance des nations, mais le plus sûr moyen dont les classes aristocratiques disposent pour assurer leur supériorité sur les classes populaires.
Les adversaires du militarisme, les pacifistes à outrance ont donc beau jeu pour stigmatiser les misères et les violences qu'entraine la concurrence guerrière des Etats et pour les faire prendre en horreur à une foule d'esprits généreux, aux yeux de qui le recours aux armes n'est plus qu'un vestige de la barbarie et des superstitions ancestrales.